Après la Fresque

Voici une sélection d’article à lire, d’outil à tester, de livre à dévorer, pour prolonger la discussion après une Fresque du Climat. Se lit bien même si l’on n’a pas encore fait la Fresque !

Se remémorer la Fresque

Si vous souhaitez vous rafraîchir la mémoire, une correction de la Fresque est disponible en ligne.Ne la diffusez pas trop, bien sûr, histoire que ceux qui n’ont pas encore participé puissent profiter au mieux de l’expérience. Pour rappel, la Fresque se base essentiellement sur le 5e Rapport d’Evaluation – dit Fifth Assessment Report, ou AR5 – du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC). Un décryptage interactif de l’AR5 est disponible ici. Les concepteurs de la Fresque ont aussi commencé à prendre en compte les données et conclusions du 6e Rapport d’Evaluation (AR6), dont la première partie a été publiée en 2021. Vous trouverez à cette adresse un résumé par Valérie Masson-Delmotte, la co-présidente du groupe de travail à l’initiative ce document.

Les illustrations perso présentées après la Fresque sont disponibles ici. N’hésitez pas à demander des détails ou des explications, et à proposer des améliorations.

Une référence pour les gouverner toutes : le Haut Conseil pour le Climat

En France, depuis 2 ans, l’organisme indépendant de référence pour les questions d’énergie-climat s’appelle le Haut Conseil pour le Climat (HCC). Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il joue son rôle à plein. Si vous ne deviez lire qu’une seule chose, je vous conseille ainsi le rapport annuel du HCC 2019, version grand public.

Ça fait 10 pages, c’est plein d’illustrations, et vous en ressortirez avec une vision claire du changement climatique, de l’Accord de Paris, de la stratégie de la France et de ses insuffisances, des défis à venir. Je vous conseille également la version 2021 qui aborde certains points clés comme les objectifs européens ainsi que l’état des stratégies de réduction et d’adaptation de la France.

Le constat, les émissions de gaz à effet de serre : par qui ? par quoi ?

C’est bien sûr un immense sujet, voici quelques pistes pour démarrer :

  • En termes de chiffres (mais pas nécessairement en termes d’analyseSi leurs outils de visualisation des données font en quelque sorte l’unanimité, ce n’est certainement pas le cas des analyses qu’ils en tirent, en particulier lorsqu’elles portent sur la réduction passée et future des inégalités socio-économiques, ou la nécessité de la croissance pour décarboner l’économie. Voir par exemple les réflexions de Jason Hickel sur ces deux points, ici et ici ), on fait difficilement mieux qu’Our World In Data. Allez y faire un tour, ils ont aussi de la matière sur pleins d’autres thèmes que le climat : démographie, agriculture, covid…

  • Sur l’impact de la nourriture, toujours les mêmes zozos ici. Un article FMV est par ailleurs en préparation sur la question !

  • Sur la responsabilité des riches : cet article , pour se familiariser avec les travaux de Chancel et Piketty sur ces questions. Spoiler :

Si ce lien richesse-émissions vous intrigue, n’hésitez pas à contacter l’équipe FMV. Attention, il y a un risque non nul de devenir de gauche.

Les conséquences

Quelques éléments pour avoir une idée de ce qui nous attends :

  • Pour la France, ce petit site interactif de Météo France, pour les aspects climat : climathd. Pour les plus studieux, ce second site, drias-climat.fr avec des prospectives assez complètes sur les feux de forêts.
  • Pour l’Europe : arcgis.com, avec des cartes synthétiques assez parlantes. L’occasion d’aller voir où ne pas acheter sa maison.
  • Pour le Monde, et la différence entre une planète à 1.5°C, 2°C, et plus : https://interactive.carbonbrief.org/. Voir aussi une version condensée en français : https://www.consoglobe.com/climat-1-5-c-cg.
  • Un exemple à la volée, pour se convaincre que le réchauffement est déjà là.
  • Pour ceux qui ont du temps (1h) : cette conférence de Gaël Giraud, économiste, Chef économiste de l’Agence Française de Développement au moment de la conférence. Un orateur incroyable, qui évoque avec clarté et précision le bastringue dans lequel nous sommes. A vous redonner foi en l’homme.

Que doit-on faire ?

On doit réduire très rapidement nos émissions de gaz à effet de serre. Rapidement, ça veut dire quoi ? Ça dépend de l’objectif qu’on se donne, un objectif souvent donné en terme de “réchauffement en 2100 par rapport à l’ère pré-industriel” (les fameux +1,5°C, +2°C, etc). Alors quel objectif ? Selon Valérie Masson-Delmotte :

Chaque demi-degré compte, vis à vis des risques climatiques. Chaque année compte, vis à vis des conséquences pour maîtriser le changement climatique. Chaque décision compte.Une idée en réalité martelée par le GIEC, par exemple ici et ici .

En théorie, on se doit donc de viser le réchauffement le plus faible possible. En pratique, la communauté internationale, en collaboration avec le GIEC, s’est mise d’accord pour viser “bien en dessous de 2°C” et faire le maximum pour “rester sous les 1,5°C” (voir la section suivante). Quelles courbes de diminution des émissions sont compatibles avec de tels objectifs ? Quelques liens :

  • La page perso du pape de ce genre de courbes. Exemple (datant de 2020) pour l’objectif 1.5 degrés :

Que prévoit-on de faire ?

Ce qu’on prévoit de faire est en grande partie formalisé par l’Accord de Paris, signé par quasiment tous les pays du Monde. L’Accord de Paris, c’est 3 principaux points :

  • Contenir l’élévation de la température de la planète nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels
  • Poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5°C
  • L’accord donne de la flexibilité aux États pour déterminer eux-mêmes leurs engagements climatiques, sous la forme de contributions déterminées au niveau national et soumises à révisions régulières (tous les 5 ans) Les premières contributions ont été transmises en 2015 à l’ONU, les secondes sont données en 2020 : cette deuxième vague est donc en cours. En plus de ces jalons tous les 5 ans, certains États revoient régulièrement leurs objectifs ou leur stratégie, et font des déclarations fracassantes, comme l’annonce surprise de la Chine en septembre (neutralité carbone annoncée en 2060), ou celle du Japon en octobre (neutralité en 2050).

Tout cela compose un gloubi-boulga des plus complexes. Heureusement, un certain nombre de gens biens cherchent à synthétiser ces différentes annonces :

  • Les rapports officiels de l’ONU qui traitent spécifiquement de ça s’appellent les Emission Gap Reports. Le dernier en date est disponible ici.
  • Des ONG font le même travail, et c’est plus facile à lire ! L’une des plus connues est le Climate Action Tracker (CAT pour les intimes). Ça donne de belles images synthétiques (à interpréter avec précaution, voir leur site pour les explications et la version à jour, ou on peut en discuter aussi !) :

Et en France ?

  • La stratégie de la France dans le cadre de l’Accord de Paris s’appelle la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC). Pour une introduction contextualisée de la SNBC, je vous renvoie vers les (courts) rapports 2019 et 2021du Haut Conseil pour le Climat.
  • Un site pour savoir si on arrive à atteindre nos objectifs (spoiler : on n’y arrive pas, sauf en cas de COVID) : https://www.observatoire-climat-energie.fr/
  • Envie de se rafraîchir la mémoire sur la différence entre Empreinte Carbone et Émissions Nationales, et les petites filouteries des pouvoirs publics sur ce point ? Encore le HCC !

Comment muter à l’échelle individuelle, locale, nationale, européenne, mondiale

A l’échelle individuelle

  • On peut commencer par mesurer son impact, en utilisant par exemple le calculateur Nos Gestes Climat, ou le calculateur MicMac.
  • Ensuite, quelles actions concrètes mettre en place, sans tomber dans le piège des petits gestes écolos ? L’ouvrage Sauvons le climat ! : les 10 actions pour entrer en résistance climatique ! de Gildas Véret parle justement de ça. Ça se lit très vite (90 pages écrites en très gros, avec des images) et c’est très clair.
  • On peut essayer le jeu Inventons Nos Vie Bas Carbone de l’ONG Résistance Climatique, en grande partie basé sur le même livre. Les cartes constat de ce jeu sont très proches de ce que j’ai pu vous raconter.
  • Envie de changer de job ? https://shiftdejob.fr/
  • Le coût carbone de notre épargne constitue l’un des grands angles morts de l’empreinte individuelle. Peu de gens semblent malheureusement s’y intéresser, mis à part certaines ONG : les seuls chiffres qui utilisés partout (y compris dans le calculateur MicMac) viennent d’un rapport aujourd’hui indisponible sur le web, mis à part ce résumé. Je renvoie par contre à ce petit classement Oxfam des banques françaises en termes de changement climatique (tiré de ce rapport, qui ne parle pas directement de notre empreinte personnelle, mais qui donne une bonne idée des inconséquences du milieu bancaire).

Des exemples inspirants à l’échelle collective

  • C’est l’occasion de mieux comprendre les propositions, les espoirs et les désillusions de la Convention Citoyenne pour le Climat, fugace moment de démocratie qui préfigure peut-être d’autres espaces de construction collective.
  • On peut parfois se sentir une petite fourmi bien impuissante face aux 1000 GW de centrales à charbon chinoises (l’équivalent d’à peu près 1000 centrales nucléaires). Pour dépasser ce vertige, certains réfléchissent à des manières de faire dialoguer les actions individuelles et collectives, avec l’objectif d’un vrai changement mondial, comme l’association Résistance Climatique.
  • On peut aussi soutenir l’Affaire du Siècle et tenter d’utiliser le pouvoir judiciaire pour faire bouger le politique, l’obliger a minima à respecter l’Accord de Paris.
  • On peut enfin s’intéresser à des plans de transformation globaux à la hauteur du problème, comme celui de BL Evolution ou celui post-covid du Shift Project.

Pour aller plus loin

Quelques lectures qui me tiennent à coeur :